Baron de l'Empire
Prononciation :
Antoine-Henri Jomini voit le jour à Payerne, dans le canton de Vaud, en Suisse, le 6 mars 1779 et débute sa carrière comme... employé de banque, à Bâle puis à Paris.
Mais ses goût le portent plutôt vers les armes. Il s'engage dans l'armée helvétique en 1798, devient secrétaire général du ministère de la Guerre, et a déjà atteint le grade de chef de bataillon quand il démissionne, en 1802, suite aux événements politiques qui se produisent dans son pays.
L'armée française l'accueille dans ses rangs en 1804. Jomini y sert d'abord comme aide de camp de Michel Ney puis devient son chef d'Etat-major en 1807. A ces différents titres, Jomini participe aux campagnes d'Allemagne (1805), de Prusse (1806) et de Pologne (1807). Il en analyse la stratégie dans divers ouvrages dont le Traité des grandes opérations militaires (1805).
Jomini est fait baron de l'Empire en 1808. Cependant, à la suite de désaccords avec le maréchal Ney, il offre une première fois ses services à la Russie en 1810. Napoléon, qui apprécie ses écrits, le retient en lui conférant le grade de général de brigade.
En 1812, Jomini participe à la campagne de Russie comme gouverneur de Wilna puis de Smolensk. Au cours de la retraite, c'est lui qui indique à l'armée la route qui lui permet de rallier la Bérézina sans être cernée et contrainte à la reddition.
Durant la campagne de Saxe, en 1813, il se réconcilie avec Ney, reprend sa place auprès de lui et se conduit de telle façon à la bataille de Bautzen qu'il est proposé par son chef pour une promotion au grade de général de division. Mais le maréchal Berthier, qui déteste Jomini suite aux fréquentes observations critiques de ce dernier, raye son nom du tableau d'avancement et lui fait au contraire infliger des arrêts pour un retard dans la fourniture d'un état de situation !
Le 14 août 1813, Jomini passe au service des Alliés. Le Tsar Alexandre Ier le fait lieutenant général (grade équivalent à celui de général de division) et le prend comme aide de camp.
Peu favorable, pour des raisons d'équilibre européen, à l'invasion de la France, Jomini suit les campagnes de 1814 et 1815 sans prendre part aux opérations, se contentant de prodiguer quelques conseils aux généraux alliés et d'intervenir pour éviter à la Suisse de souffrir dans son intégrité et son indépendance. Il assiste au congrès de Vienne en 1815 puis aux congrès suivants de la Sainte-Alliance comme conseiller du Tsar.
Il mène par la suite une brillante carrière en Russie où il devient successivement le précepteur militaire du frère d'Alexandre Ier, le futur Tsar Nicolas 1er, puis du fils de celui-ci. Général en chef en 1826, il prodigue encore, en 1854, quelques conseils au Tsar lors de la guerre de Crimée. Napoléon III fait également appel à son expérience en 1859 pour sa campagne d'Italie.
De santé précaire depuis la retraite de Russie, Jomini meurt à Passy le 22 mars 1869, peu après ses quatre-vingt-dix ans. Il est enterré dans la 11ème division du cimetière de Montmartre.
"Antoine de Jomini", par George Dawe (St James's, Westminster 1781 - Kentish Town 1829).
Jomini a parfois été accusé d'avoir trahi la France et porté aux Alliés les plans des opérations de la campagne de 1813. Selon le comte de Montholon, qui cite une note manuscrite de l'Empereur sur un ouvrage relatant la campagne de 1813, Napoléon en personne a fait justice de ces médisances.
On a parfois attribué l'essentiel du mérite des succès du maréchal Ney à son chef d'Etat-major, ce qui fut une des causes de leur brouille.
Les écrits théoriques de Jomini ont fait autorité pendant toute la première moitié du XIXème siècle et restent d'un grand intérêt. On a pu dire que Si Napoléon est le dieu de la guerre, Jomini est son prophète.
Autres portraits
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"Antoine de Jomini". Anonyme du XIXème siècle.
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"Antoine de Jomini". Gravure du XIXème siècle.
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"Antoine de Jomini vers la fin de sa vie". Photographie de la seconde moitié du XIXème siècle.