Comte de Lobau
Prononciation :
Georges Mouton vient au monde le 21 février 1770 à Phalsbourg, en Lorraine. Son père est boulanger.
Il fait de bonnes études qui lui valent, en mars 1792, d'être élu lieutenant par les volontaires du 9ème bataillon de la Meurthe. Il sert à l'armée du Rhin comme aide de camp du général Jean-Baptiste Meynier, et gagne rapidement ses galons de capitaine.
En 1795, il est affecté à l'Armée d'Italie. Chef de bataillon en 1798, il passe à l'état major, comme aide de camp du général Barthélémy-Catherine Joubert. Après la bataille de Novi qui coûte la vie à ce dernier le 15 août 1799, Mouton passe à l'état major de Jean-Etienne Championnet, puis d'André Masséna.
Sous les ordres du futur duc de Rivoli, il est blessé lors du blocus de Gênes le 7 avril 1800 à Montefaccio, puis, plus gravement, lors de l'attaque du fort de Quezzi, durant laquelle sa bravoure est remarquée par Jean-de-Dieu Soult, qui écrit à Napoléon Bonaparte : Il est difficile d'être plus brave.
De fait, le premier consul lui propose en 1800 de devenir aide de camp à son état-major, ce que Mouton refuse, ne se sentant pas fait pour les honneurs de palais. De même, ses sentiments républicains l'amènent à répondre Non
au plébiscite de 1802 instituant le Consulat à vie, et à désapprouver les fastes de la cérémonie du sacre en décembre 1804. Ces positions, on s'en doute, ne favorisent guère son avancement : il n'est nommé colonel qu'en 1803 et général de brigade en 1805.
Toutefois l'Empereur, conscient de ses mérites, lui fait l'honneur de s'attacher ses services comme aide de camp, ce que Mouton a, cette fois, la sagesse d'accepter.
A ce poste, il participe aux campagnes d'Allemagne en 1805, de Prusse en 1806 et de Pologne en 1807. Lors de cette dernière, il est sévèrement blessé à Friedland le 14 avril 1807. Son courage lui vaut sa troisième étoile de divisionnaire quelques mois plus tard.
Mouton sert en 1808 en Espagne, sous Jean-Baptiste Bessières, s'illustrant en particulier à Medina del Rio Seco et à Gamonal par les charges de ses hommes à la baïonnette ou à l'arme blanche.
Lors de la campagne d'Autriche de 1809, il repousse à sept reprises les assauts autrichiens au pont de Landshut le 21 avril, avant de s'emparer de la ville. Cela fait dire à l'Empereur : Mon Mouton est un lion
.
Quelques semaines plus tard, c'est la bataille d'Essling. Le comportement exemplaire de Mouton, à la tête de trois bataillons de fusiliers de la Garde, permet de couvrir la retraite de l'armée française sur l'île de Lobau. Quelques jours plus tard Napoléon 1er le crée comte de Lobau pour avoir sept fois repoussé l'ennemi, et par là assuré la gloire de nos armes
comme le précise le décret impérial. Les 5 et 6 juillet, à Wagram, bien que blessé à la main au début des hostilités, il honore son titre avec son courage habituel.
La campagne achevée, l'Empereur charge le comte de Lobau de s'occuper de l'organisation du personnel de la Guerre, fonction que celui-ci exerce avec talent jusqu'en 1812.
Hostile au projet de guerre contre la Russie ‒ opinion qu'il professe ouvertement, avec sa franchise habituelle ‒ il n'en participe pas moins à la campagne, et fait partie du petit groupe qui reprend avec l'Empereur le chemin de Paris lors de la retraite.
Mouton participe à la campagne de 1813 en tant qu'adjudant général de la Garde. Il se bat à Lützen, à Bautzen puis à Dresde. Il s'enferme dans la ville, mais doit capituler le 12 novembre 1813 et est fait prisonnier par les Russes. Il rentre en France en mai 1814, est fait chevalier de Saint-Louis par Louis XVIII en juillet, mais mis en non-activité par le monarque en septembre.
Il reprend du service durant les Cent-Jours et prend part aux batailles de Ligny et de Waterloo ; au lendemain de cette dernière il est à nouveau fait prisonnier en protégeant la retraite de l'armée.
Le retour définitif de Louis XVIII en 1815 l'oblige à rester en Belgique jusqu'à la fin 1818, où il est à nouveau autorisé à rentrer en France.
En 1828, il est élu député de la Meurthe, son département natal, et siège parmi les opposants libéraux au régime de Charles X.
En juillet 1830, après les « Trois Glorieuses », Louis-Philippe Ier le nomme commandant de la Garde nationale. En 1831, il le fait maréchal de France, puis l'élève à la dignité de pair de France en 1833.
Georges Mouton, comte de Lobau, meurt le 27 novembre 1838 à Paris, et est inhumé aux Invalides, dans la crypte des gouverneurs de la cathédrale Saint-Louis.
"Le général Mouton, comte de Lobau" par Ary Scheffer (Dordrecht, Pays-Bas 1795 - Argenteuil 1858)
Le nom de Mouton est inscrit sur la 14e colonne (pilier Est) de l'arc de triomphe de l'Étoile.
Carrière militaire détaillée
Blessures au combat
A Montefaccio, lors du blocus de Gênes, le 7 avril 1800Grièvement blessé lors de l'attaque du fort de Quezzi, toujours à Gênes
Blessé à Friedland, le 14 juin 1807
Blessé à la main à Wagram, le 5 juillet 1809
Captivité
Fait prisonnier par les Russes lors de la capitulation de Dresde le 12 novembre 1813. Rentre en France en mai 1814.Capturé au lendemain de Waterloo, le 19 juin 1815. Exilé, ne rentre à Paris que fin 1818.
Premier engagement
Lieutenant des volontaires de la Meurthe, 1792.Évolution de carrière
Capitaine, 1793.Chef de brigade, le 26 mai 1798
Colonel, le 24 septembre 1803
Général de brigade, le 1er février 1805
Général de division, le 5 octobre 1807
Maréchal de France, 1831
États de service
Aux volontaires de la Meurthe, 1792A l'armée du Rhin, 1793
A l'armée d'Italie, à l'état-major de Joubert, 1795
A la 99e demi-brigade d'Infanterie de ligne, le 26 mai 1798
A la 3e demi-brigade d'Infanterie de ligne, le 14 juillet 1799
Au 3e régiment d'infanterie de ligne, le 24 septembre 1803
Aide de camp de l'Empereur, fin 1805
Commandant une division d'infanterie du 2ème corps de l'armée d'Espagne, novembre 1807
A nouveau aide de camp de l'Empereur, fin 1808
A l'organisation du personnel de la Guerre, automne 1809
A la Grande Armée, campagne de Russie en 1812
Adjudant général de la Garde, 1813
Commande le VIe corps d'armée faisant partie de l'armée du Nord, juin 1815
Commandant général de la Garde nationale de Paris, 26 décembre 1830
Remerciements
Nous exprimons notre gratitude au général de division Christian Baptiste, directeur du Musée de l'Armée, qui nous a autorisés à accéder au caveau des Gouverneurs de la cathédrale Saint-Louis des Invalides, et à M. Mickaël Blasselle, qui nous a guidés pour cette visite en décembre 2011.Autres portraits
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"Georges Mouton, capitaine au 9e bataillon de la Meurthe en 1792" par Vincent Nicolas Raverat (Moutiers-Saint-Jean 1801 - Paris 1865). Anciennement attribué à Charles-Philippe Larivière (Paris 1798 - Paris 1876).
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"Le général Mouton, comte de Lobau". Gravure du XIXème siècle.
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"Le général Mouton, comte de Lobau". Gravure d'Ambroise Tardieu (Paris 1788 - Paris 1841).