Comtesse de Kielmannsegge
Prononciation :
Auguste Charlotte de Schönberg nait le 18 mai 1777 à Hermsdorf, en Saxe (Allemagne).
Sa famille fait partie de la noblesse saxonne : son père est le maréchal du palais Peter August von Schönberg, et sa mère Charlotte Dorothea, comtesse von Hoym.
Son enfance se déroule au château de Hermsdorf et à Dresde (les mois d’hiver). Vers l’âge de dix ans, orpheline, elle est confiée à une grand-mère dont les méthodes éducatives affermissent son caractère.
En 1796, elle épouse Rochus August zu Lynar. Mais ce mariage est un échec. Il se termine par la mort du mari en 1800 (à l’âge de ving-sept ans). Après ce décès, autour duquel courent des rumeurs d’empoisonnement, la veuve hérite de nouveaux domaines, qui, joints aux siens propres, font d’elle une des plus grosses fortunes de la Saxe.
Elle rentre alors à Dresde et y contracte un second mariage en octobre 1802, avec le comte Ferdinand Hans Ludolph von Kielmannsegge. Le couple s’installe bientôt à Hanovre, dont le comte est originaire.
Ce dernier se montre un opposant farouche à l’influence française en Allemagne. Il trempe dans diverses intrigues et conspirations, envisageant entre autres d’attenter à la vie du roi de Westphalie, Jérome Bonaparte. Ce comportement entraîne son arrestation, son incarcération et la rupture avec sa femme qui, à l’inverse, manifeste depuis 1797 et un voyage en Italie, la plus profonde admiration pour la France et Napoléon Bonaparte. Les époux se séparent en 1809 (ils divorceront neuf ans plus tard) et Auguste Charlotte de Schönberg s’en retourne à Dresde.
Elle ne s’y attarde guère et se rend en France avant la fin de l’année. Napoléon l’honore d’une audience privée au cours de laquelle il lui accorde la libération de son mari. Le cercle des relations de la comtesse inclut le ministre de la Police alors en fonction, Joseph Fouché et son futur successeur, Anne-René Savary ‒ qui la fréquente sur ordre de l’Empereur ‒ ainsi que le roi et la reine de Westphalie.
Mais c’est surtout avec l’entourage de Charles-Maurice de Talleyrand-Périgord que fraie la comtesse. Son intelligence et sa position sociale font d’elle une informatrice crédible sur les intrigues menées par l’ex-ministre des Relations extérieures et son clan. Elle en découvre rapidement la duplicité et participe, en 1811, au démantèlement d’un réseau d’espionnage russe à Paris, ce qui porte un coup fatal à ses relations avec le prince de Bénévent.
Bien que l’on commence à se méfier d’elle, la comtesse n’en reste pas moins, en tant que digne amie de l’Empereur, une précieuse intermédiaire entre la cour de Paris et celle de Saxe. Elle continue également d’exercer dans ce royaume, où elle passe une partie de son temps, son activité d’informatrice, transmettant à Napoléon ce qu’elle parvient à savoir des intrigues entre Talleyrand et le Tsar Alexandre Ier. Ainsi, en 1813, lors de la campagne de Saxe, l’Empereur la reçoit-elle à plusieurs reprises dans le palais Brühl-Marcolini de Dresde.
Durant cette même campagne, le maréchal Nicolas Oudinot s’installe dans une des propriétés de la comtesse de Kielmannsegge, à Lubbenau. A l’occasion de ce séjour, une profonde amitié naît entre la comtesse et le maréchal. Le départ de celui-ci, pour rejoindre l’armée française en retraite après la bataille de Leipzig, marque le début d’une période pénible dans la vie d’Auguste Charlotte de Schönberg.
Rejetée par la noblesse saxonne, la comtesse est de surcroît accusée de trahison et arrêtée. Les documents compromettants pour elle qu’on la soupçonne de détenir restent toutefois introuvables malgré les interrogatoires et les perquisitions dans ses domaines. Elle n’en milite pas moins pour le retour d’exil de l’Empereur déchu et lui rend peut-être même visite à l’île d’Elbe. Par la suite, considérée comme politiquement dangereuse, il lui faut subir une relégation dans l’un de ses multiples domaines, où elle est soumise à une étroite surveillance. Elle se voit également interdire toute communication ou rencontre avec des membres de la famille Bonaparte.
Après avoir appris la nouvelle de la mort de Napoléon, Auguste Charlotte de Schönberg prend le deuil et ne le quitte plus. Elle se convertit au catholicisme en 1822, retourne à Dresde en 1833 et s’installe en 1840 au Wasserpalais, à Pillnitz, qu’elle transforme en un mémorial privé à la gloire de Napoléon.
Elle y meurt le 26 avril 1863 et est inhumée dans l’ancien cimetière catholique de Dresde.
Auguste Charlotte de Schönberg (1777-1863), peinture du XIXe siècle
On a parfois attribué à la comtesse un fils illégitime né des oeuvres de Napoléon. Rien ne l'atteste.