Reddition aux Anglais. Exil à Saint-Hélène
Après l'abdication de Napoléon le 22 juin 1815 et la formation d'un gouvernement provisoire, la présence à Paris de l'Empereur déchu gêne les nouvelles autorités, d'autant que le petit peuple et l'armée lui restent favorables. Le 25 juin, on lui fait quitter la capitale pour Malmaison puis le 29, après qu'il a proposé de servir comme simple général, on l'expédie à Rochefort, où il arrive le 3 juillet.
Le projet de Napoléon est d'abord d'émigrer aux États-Unis d'Amérique mais il doit bientôt se résigner à se rendre aux Anglais en apprenant que Joseph Fouché, qui lui a promis un passeport, compte en fait le livrer aux royalistes. Le 15 juillet, il embarque sur le HMS Bellerophon, commandé par le capitaine Frederick Lewis Maitland, qui appareille vers l'Angleterre .
A Plymouth, sans laisser Napoléon poser le pied sur le sol anglais, on lui notifie la décision de déportation prise par le gouvernement anglais. Bien qu'il se plaigne avec véhémence de la bassesse du procédé, il est transféré le 7 août 1815 à bord du HMS Northumberland, qui appareille à destination de Sainte-Hélène, île située au milieu de l'Atlantique sud. Il y débarque le 16 octobre.
Napoléon séjourne d'abord, jusqu'au 10 décembre, au pavillon des Briars, propriété de William Balcombe, agent de la compagnie des Indes, avant d'emménager, le 10 décembre 1815, à Longwood.
Conflit avec Hudson Lowe. Confinement et solitude croissants
La résidence choisie pour Napoléon par ses gardiens anglais, sous prétexte de sécurité, est peu en rapport avec ce que pourrait attendre un souverain détrôné qui s'en est volontairement remis à la générosité de ses ennemis. Alors qu'il existe sur l'île une forteresse qui ferait une résidence acceptable, Napoléon se voit relégué à l'intérieur d'une bâtisse conçue pour n'être qu'une résidence d'été, où l'humidité règne en maître, sise sur un plateau insalubre, battu par les vents. Peut-être ses gardiens voient-ils là une leçon d'humilité donnée à celui auquel ils affectent par ailleurs de ne reconnaître que la qualité de général.
D'abord placé sous l'autorité de l'amiral Sir George Cockburn, Napoléon reçoit bientôt un nouveau geôlier en la personne du général Sir Hudson Lowe, qui débarque à Sainte-Hélène le 14 avril 1816. Une première entrevue, le 17, laisse l'Empereur sur une impression favorable. Mais Lowe se montre vite tatillon, soupçonneux et mesquin. Ses rapports avec Napoléon se dégradent rapidement. En tout, les deux hommes ne se rencontrent que cinq fois. Après le 18 août 1816 et une violente algarade, ils ne se voient plus.
Comme l'exilé refuse de recevoir les commissaires russes ou autrichiens qui séjournent dans l'île, sa société se résume donc pour l'essentiel aux quelques fidèles qui composent son entourage immédiat : le comte Emmanuel de Las Cases ; le grand-maréchal du palais Henri Gatien Bertrand et sa femme ; le général Charles-Tristan comte de Montholon et son épouse ; le général Gaspard baron Gourgaud. S'y ajoutent Louis Marchand, son valet de chambre, Jean-Baptiste Cipriani, son maître d'hôtel, Louis-Étienne Saint-Denis, dit le mamelouk Ali, et Jean-Noël Santini, sorte d'homme à tout faire.
Encore ce groupe se réduit-il au fil du temps. Santini est le premier à quitter Sainte-Hélène, le 19 octobre 1816, lorsque Sir Hudson Lowe exige le départ de trois domestiques ; Las Cases est expulsé le 25 novembre de la même année pour avoir tenté de correspondre avec la France ; le 15 mars 1818, c'est au tour de Gourgaud de s'en aller, sa cohabitation avec Montholon étant devenue impossible ; enfin, le 2 juillet 1819, Albine de Montholon, dernière maîtresse de Napoléon, abandonne amant et mari pour rentrer en France.
Les cinq années de sa captivité s'étirent, pour l'Empereur déchu, cet homme capable d'une prodigieuse activité, sans un événement ou presque, sinon les dérisoires querelles qui déchirent son entourage, miné par l'ennui et le mal du pays. Désoeuvré, Napoléon passe en revue sa vie, dicte ses souvenirs, peaufine sa légende... et dépérit peu à peu.
Dégradation de la santé de Napoléon, agonie et mort
Alors que sa santé est restée satisfaisante jusqu'en août 1817, elle se met ensuite à se dégrader. De surcroît, les médecins qui le soignent sont éloignés les uns après les autres : le docteur John Stokoe, chirurgien du vaisseau anglais le Conquérant, est accusé de sympathie à l'égard de l'Empereur, rapatrié et radié des cadres de la marine anglaise ; le médecin irlandais Barry Edward O'Meara, dont les soins se montrent efficaces, est expulsé à son tour en septembre 1818 par Hudson Lowe. Si bien qu'après l'attaque que Napoléon subit, dans la nuit du 16 janvier 1819, et qui le laisse en proie à des douleurs pénétrantes dans le côté droit, il se retrouve privé de soins, ayant refusé de consulter les médecins anglais disponibles.
La famille de l'Empereur, et singulièrement le cardinal Fesch, lui envoie alors le docteur François Antommarchi, qui arrive à Sainte-Hélène le 19 septembre 1819. Malheureusement, Napoléon conçoit bientôt de lui la plus mauvaise opinion, au point d'amener le praticien à envisager de quitter l'île en janvier 1821. Napoléon lui ferme alors sa porte, qui ne se rouvre que durant les derniers jours. C'est donc finalement le chirurgien militaire anglais Archibald Arnott qui donne au captif ses ultimes soins.
Au printemps 1821, du 13 au 29 avril, alors que la maladie est proche de parachever son oeuvre, Napoléon rédige minutieusement un testament et sept codicilles, cherchant à n'oublier aucun de ses fidèles et instituant pour exécuteurs testamentaires Charles-Tristan de Montholon, Henri-Gatien Bertrand et Louis Marchand, qu'il vient de faire comte.
Enfin, l'Empereur adresse ses suprêmes recommandations à son fils – ce fils dont pas une ligne ne lui est parvenue durant toute sa détention – pour le cas où il accéderait au trône de France. Le texte de ses conseils est dicté à Charles-Tristan de Montholon le 17 avril 1821.
Napoléon meurt le 5 mai 1821, à 17 heures 49.
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