Nicolas Heurteloup

Baron d'Empire

Nicolas Heurteloup naît à Tours, le 26 novembre 1750. Dès sa plus tendre enfance, il est pris en charge par la nonne qui dirige la pharmacie de l'hôpital avoisinant. Elle parvient à décider son élève à s'orienter vers la chirurgie [1].

Il entame ses études à l'hôpital de la Charité de Tours et les achève à l'Hôtel-Dieu de Paris [2]. Le jeune homme s'engage dans l'armée et rejoint le service de santé embryonnaire qui vient de voir le jour [3].

En 1768, il occupe la fonction de chirurgien sous-aide dans l'armée de Louis XV qui est stationnée en Corse. En 1782 (en 1770, selon Dupont [4]), il prend la charge de chirurgien-major de l'hôpital de Bastia. En 1790 (en 1786, selon Dupont [5]), il travaille en tant que médecin-chef à l'hôpital de Toulon. En 1792, il rejoint avec le même grade l'armée du midi et en 1793, il officie dans l'armée des Alpes [6].

Cette même année, il intègre le conseil de santé, où il siègera jusqu'à sa mort [7]. En 1795, il accompagne l'armée d'Italie. Il devient premier chirurgien des armées cette année-là.

Le 14 juin 1804, Heuteloup est nommé inspecteur général du service de santé, en même temps que Pierre-François Percy, Dominique-Jean Larrey et René-Nicolas Dufriche-Desgenettes. En 1808, il succède à Percy, atteint de cécité, et devient le chirurgien en chef de la Grande Armée, après avoir été même chirurgien consultant de l'Empereur au préalable [8].

En 1809, il organise les hôpitaux de Vienne et d'Ebersdorf où les blessés d'Essling (21 et 22 mai) et de Wagram (5 et 6 juillet) sont soignés [9]. Dans le bulletin de la Grande Armée, au lendemain de la bataille de Wagram, paraît une citation à l'ordre du jour rédigée par Napoléon lui-même qui insiste sur la manière dont la chirurgie a servi et particulièrement les services du chirurgien-en-chef Heurteloup [10]. Jamais Percy ou Desgenettes n'avaient eu pareil honneur. L'Empereur lui octroie un banquet et une médaille ornée de son éloge impérial [11].

Très logiquement, le 24 juilet 1809, Napoléon promeut Heurteloup dans l'ordre de la Légion d'honneur en le nommant officier [12] et le 16 décembre 1810, il l'élève à la noblesse en le faisant baron d'Empire [13].

Atteint d'une paralysie consécutive à une affection cérébrale, Nicolas Heurteloup cède sa place de chirurgien en chef de la Grande Armée [14] à Dominique-Jean Larrey le 12 février 1812, au moment où Napoléon décide de partir en guerre contre Alexandre Ier, tsar de toutes les Russies. Il meurt à Paris le 27 mars suivant.

Il s'est battu jusqu'à son dernier souffle pour que les médecins militaires obtiennent de l'Armée la reconnaissance qui leur était due, par l'obtention des grades militaires correspondant à leur mérite [15].

Il a publié des mémoires sur le tétanos et sur l'inoculation de la vaccine à l'hôpital de Milan notamment, en 1801 [16].

Il y a peu de souvenirs répertoriés de ce praticien, mais à l'unanimité de tous, ses mains étaient d'une finesse exceptionnelle au sens propre comme au figuré [17].

Reconnu comme un des meilleurs inspecteurs généraux du service de santé de l'armée française, il avait des talents administratifs remarquables et disposait d'une connaissance extraordinaire et essentielle des hôpitaux militaires. Il était apprécié pour sa justice, sa douceur, sa bienveillance et son grand humanisme [18].