N & E
Napoléon & Empire

Les coalitions

On donne traditionnellement le nom de coalitions aux guerres qui ont opposé la France et le reste de l'Europe entre 1792 et 1815. La première coalition se forme en 1792 ; la dernière s'achève par le second traité de Paris, le 20 novembre 1815.

Toutefois, certains conflits de la Révolution française, comme l'invasion de la Suisse en 1798, et certaines guerres napoléoniennes, comme la Campagne de Russie de 1812 et toutes les interventions militaires en péninsule ibérique (octobre 1807 à avril 1814) n'entrent pas dans le cadre des guerres de coalition proprement dites.

Première coalition (1792-1797)

Elle est formée par la Prusse et l'Autriche en mai 1792, suite à la déclaration de guerre lancée par l'assemblée législative à l'empereur d'Allemagne François II. S'y rallient ensuite l'Angleterre et la Hollande (février 1793) puis l'Espagne (mars 1793), le Portugal, le royaume des Deux-Siciles et le royaume de Sardaigne.

Les opérations sont d'abord marquées par les victoires françaises de Valmy (François Étienne Kellermann, 20 septembre 1792) et de Jemmapes (Charles François Dumouriez, 6 novembre 1792), mais l'année 1793 commence par une série de revers qui mettent très sérieusement la patrie en danger. Les réformes de Lazare Carnot et les divisions entre coalisés permettent finalement aux Français de repousser l'invasion étrangère grâce aux succès obtenus à Hondschoote (Jean Nicolas Houchard, 8 septembre 1793) et à Wattignies (Jean-Baptiste Jourdan, 15 et 16 octobre). La France révolutionnaire prend même l'offensive et se rend maîtresse de la Belgique et de la Hollande par la victoire de Fleurus (Jourdan, 26 juin 1794).

La Prusse quitte alors la coalition (traité de Bâle, 5 avril 1795). C'est ensuite le tour de la Hollande (traité de La Haye, 16 mai 1795), de l'Espagne (second traité de Bâle, 22 juillet 1795) et du royaume de Sardaigne (traité de Paris, mai 1796). Puis l'Autriche, chassée de Lombardie et de Vénétie par la Campagne d'Italie (Napoléon Bonaparte, avril 1796 à février 1797), se voit contrainte de signer les préliminaires de Leoben (18 avril 1797) et le traité de Campoformio (18 octobre 1797).

La vallée de l'Adige, près de Rivoli Veronese
La vallée de l'Adige, près de Rivoli Veronese (bataille des 14 et 15 janvier 1797 contre les Autrichiens)

L'Angleterre reste alors seule à poursuivre la lutte contre la France.

Celle-ci sort de cette guerre en ayant acquis la Belgique, la rive gauche du Rhin, la Savoie et le comté de Nice. Elle peut de plus compter sur les états satellites qu'elle a créés dans le nord de l'Italie : République ligurienne et République cisalpine.

Carte d'Europe des participants à la première coalition

Deuxième coalition (1798-1802)

C'est l'Angleterre qui prend l'initiative de réunir cette coalition. Elle y réussit d'autant mieux que le comportement de la France, depuis la fin de la Première coalition, irrite ou inquiète toutes les grandes puissances européennes.

Le Directoire mène en effet une politique belliciste dont les principales manifestations ont été en 1798 :

  1. L'invasion de la Suisse, bientôt suivie de sa transformation en simple satellite de la France et par l'annexion des républiques de Mulhouse et de Genève ;
  2. L'occupation de la Ville éternelle et des États pontificaux, la même année, après l'assassinat du général Léonard Mathurin Duphot par des soldats du pape devant l'ambassade de France à Rome [Roma] ;
  3. Le départ d'une expédition à destination de l'Égypte en vue de s'emparer du pays ;
  4. La conquête de l'île de Malte, opérée au passage par cette expédition ;
  5. Un soutien actif à la rébellion irlandaise, culminant dans le débarquement d'un corps de troupes sur les côtes de l'Irlande et sa participation à plusieurs batailles contre les forces de la couronne britannique.

Les puissances européennes ne sont pas restées sans réactions face à ces initiatives en passe de bouleverser les équilibres du continent.

  1. En mai 1798, Naples et l'Autriche contractent un traité d'alliance ;
  2. En septembre, l'Empire ottoman déclare la guerre à la France ;
  3. En novembre, l'Autriche s'allie avec la Russie tandis que les Napolitains, partis prématurément en campagne, chassent les Français de Rome.

Pendant toute cette période, la Grande-Bretagne cherche à fédérer ces diverses ripostes avec un succès mitigé. Elle échoue ainsi à convaincre la Prusse, trop occupée à digérer les provinces polonaises annexées en 1795. Quant à l'Autriche, elle ne peut s'entendre expressément avec elle, faute d'un accord financier sur les subsides tant passés que futurs consentis par Londres à Vienne. Leur coopération ultérieure restera informelle.

En décembre 1798 toutefois, forte de sa victoire sur les rebelles irlandais et de la destruction de l'escadre française d'Égypte lors de la bataille navale d'Aboukir, la Grande-Bretagne signe un traité avec la Russie et le royaume de Sicile. La Russie s'engage à intervenir en Italie, en Suisse et en Hollande. En outre, inquiète des ambitions françaises au Levant, elle conclut avec l'Empire ottoman une alliance qui lui ouvre les détroits (Dardanelles et Bosphore). Le tsar Paul Ier fait aussitôt passer sa flotte en Méditerranée. En tant que protecteur de l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem (ou ordre des Hospitaliers), il entend répondre à leur expulsion de Malte par l'attaque des départements français de Grèce (Corcyre, Ithaque, Mer Égée).

En mars 1799, l'Autriche rejoint dans les faits, sinon formellement, la coalition, après que la France lui a déclaré la guerre pour avoir laissé transiter les troupes russes par son territoire. Le Saint-Empire adhère également à l'alliance après les premiers succès autrichiens et russes. Cependant, la plupart des principautés du nord, sous influence prussienne, restent techniquement neutres tandis que celles du sud (Bavière, Mayence, Wurtemberg) fournissent troupes ou subsides.

Le Portugal – juridiquement toujours en guerre avec la France depuis 1793 – et la Suède complètent la liste des adversaires de la France.

Au moment où la coalition se cristallise, les hostilités ont déjà repris en Italie.

  1. Au nord, la France a déclaré la guerre au royaume de Sardaigne au début de décembre 1798, pour lui avoir refusé le libre passage de ses forces sur le territoire piémontais, en violation du traité de Paris de 1796. Moins d'une semaine plus tard, le général Barthélemy Catherine Joubert occupe Turin [Torino], le roi de Sardaigne renonce à ses possessions continentales et une république Piémontaise est proclamée.
  2. Au sud, vingt jours après avoir soumis Rome, les Napolitains en sont à leur tour expulsés par un retour offensif des Français du général Jean-Étienne Championnet. Celui-ci pousse son avantage jusqu'à s'emparer de Naples [Napoli] à la fin de janvier 1799. Il y fonde une république Parthénopéenne, tandis que les souverains détrônés s'embarquent pour la Sicile sur les navires britanniques de l'amiral Horatio Nelson.

Les Coalisés se sont dotés d'un plan qui coordonne leurs actions respectives. Il entend de plus tirer parti des mécontentements provoqués un peu partout par la domination française :

  1. Une armée anglo-russe, transportée par la flotte britannique, débarquera en Hollande ;
  2. Les armées autrichiennes passeront à l'offensive en Allemagne et en Suisse ;
  3. Des armées russes, autrichiennes et turques refouleront les Français d'Italie ;
  4. Des insurrections éclateront, à l'instigation des Coalisés, dans les pays occupés par les forces françaises, afin de perturber leurs opérations ;
  5. Lorsque les armées alliées atteindront les frontières françaises, c'est en France même que les sociétés secrètes royalistes déclencheront des soulèvements.

Les Français, pour leur part, disposent de quatre armées à leur opposer :

  1. L'armée du Danube du général Jean-Baptiste Jourdan, destinée à intervenir en Allemagne du Sud ;
  2. L'armée d'Observation du général Jean-Baptiste Bernadotte, qui protège le flanc gauche (nord) de la précédente ;
  3. L'armée d'Helvétie du général André Masséna, basée en Suisse ;
  4. L'armée d'Italie du général Barthélemy Louis Joseph Schérer, couvrant l'Italie du Nord.

La guerre commence par des revers pour la République.

Début mars 1799, la dernière île des départements français de Grèce, Corfou, tombe aux mains des Russes. Un peu plus tard, Jourdan qui a passé le Rhin, se fait battre à deux reprises par l'archiduc Charles d'Autriche, à Ostrach et Stockach, les 21 et 25 mars 1799. Même l'invasion de la Toscane par le général Paul Louis Gaultier de Kerveguen, à la fin du mois, n'est qu'un succès en trompe-l'oeil. Les troupes qu'elle mobilise vont bientôt manquer en Italie du Nord pour faire face à l'offensive austro-russe.

Celle-ci est dirigée par le feld-maréchal russe Alexandre Souvorov, considéré comme un des plus brillants chefs militaires de l'histoire. Au printemps, il bat successivement Schérer puis Jean Victor Marie Moreau, qui se sont relayés à la tête de l'armée d'Italie, et enfin Étienne Macdonald, rappelé de Naples par le Directoire pour tenter de prendre en tenaille les Alliés. Les républiques Cisalpine et Piémontaise cessent d'exister. Après la chute de Mantoue [Mantova] puis l'effondrement de la république Parthénopéenne de Naples où les faibles garnisons laissées par Macdonald capitulent en juin, il ne reste quasiment plus rien de la domination française en Italie. L'échec d'une contre-offensive, qui se termine par la défaite et la mort de Joubert à Novi en août, puis la chute de Rome aux mains des Austro-Napolitains en septembre, parachèvent le désastre. Une dernière tentative française, sous le commandement de Championnet, ne donnera rien.

Alors que les opérations tournent ainsi à la déroute française en Italie, les Coalisés ouvrent un nouveau front en république Batave. Fin août, le duc d'York, fils du roi George III, y débarque à la tête d'une armée anglo-russe. Malgré quelques succès, l'expédition périclite rapidement. La victoire des Franco-Bataves du général Guillaume Marie-Anne Brune à Castricum précède de peu la signature de la convention d'Alkmaar, le 18 octobre. Elle acte le retrait des envahisseurs, moins de deux mois après leur arrivée.

En Suisse, Masséna va bientôt connaître la même réussite. Jusque là, il a dû se contenter de résister tant bien que mal aux Austro-Russes de l'archiduc Charles et du général Alexandre Rimsky-Korsakov. Si la première bataille de Zurich [Zürich] en juin lui a permis, malgré sa défaite, de freiner l'ennemi, il n'en a pas moins été réduit à la défensive tout l'été. Mais les conditions ont alors changé. L'archiduc Charles et ses troupes ont en effet quitté la Suisse. La cour de Vienne, peu soucieuse de voir le duc d'York libérer la Belgique, ancienne possession autrichienne, les a transférés dans le margraviat de Bade, sur la frontière du Rhin, où les opérations languissent depuis mars. De surcroît, inquiète également des succès russes en Italie, elle a réussi à convaincre le Tsar d'envoyer Souvorov en Suisse. Entre le départ de l'un et l'arrivée de l'autre, Masséna prend l'offensive. Le 26 septembre, il remporte la Deuxième bataille de Zurich et disperse totalement l'armée russe de Rimsky-Korsakov avant l'arrivée de Souvorov. Ce feld-maréchal, qui vient de franchir ce même jour le col du Saint-Gothard, en est réduit à effectuer une retraite qui restera son dernier et peut-être son plus beau fait d'armes. Le Tsar tient les Autrichiens pour responsable de cette défaite, l'archiduc Charles ayant été rappelé avant la jonction des deux armées russes. Furieux, Paul Ier se retire de la coalition le 22 octobre. Sur le front suisse, la France n'a rien cédé.

La mauvaise saison interrompt les opérations. Durant l'hiver, Napoléon Bonaparte, rentré d'Égypte, prend le pouvoir en France et propose aux Britanniques comme aux Autrichiens une paix négociée. Les uns et les autres lui opposent une fin de non-recevoir. En avril 1800, les hostilités se rallument à l'initiative des Autrichiens qui passent à l'attaque en Italie, menaçant le Var. Pour les fixer, Masséna doit s'enfermer dans Gênes [Genova] où il subit un blocus à la fois terrestre et maritime, ce dernier assuré par la Royal Navy britannique.

Le Premier consul Napoléon Bonaparte Napoléon Bonaparte dispose de trois armées :

  1. L'armée du Rhin, issue de la fusion des anciennes armées d'Helvétie et du Danube (qui a elle même absorbé une partie de l'armée d'Observation de Bernadotte). Elle est commandée par le général Moreau ;
  2. L'armée d'Italie, désormais sous les ordres du général Masséna ;
  3. Une armée de réserve, rassemblée à Dijon et prête à intervenir en Allemagne ou en Italie selon les besoins. Le général Alexandre Berthier en est le chef nominal, la constitution de l'an VIII interdisant en principe au Premier consul de commander en personne.

Ses préférences vont à une attaque de flanc sur les forces autrichiennes d'Allemagne, à travers le nord de la Suisse. Toutefois, l'opposition de Moreau à ce plan, et surtout l'état des affaires en Italie, le décident à concentrer ses efforts de ce côté.

L'armée du Rhin reçoit cependant l'ordre de franchir le fleuve. Elle l'exécute à la fin du mois d'avril et obtient rapidement des succès, après quoi une suspension d'armes est signée en juillet qui interrompt longuement les opérations.

L'armée d'Italie et Masséna, pour leur part, se voient invités à tenir Gênes jusqu'à l'arrivée des secours.

Ceux-ci, sous la forme de l'armée de réserve, prennent le chemin des Alpes pour tomber sur les arrières autrichiens par les cols du Saint-Gothard, du Simplon, du Petit Saint-Bernard et du Grand-Saint-Bernard. Bonaparte lui-même, entamant sa seconde Campagne d'Italie, franchit ce dernier le 20 mai puis descend sur Milan [Milano] où il pénètre le 2 juin. Deux jours plus tard, Masséna évacue Gênes après un siège éprouvant. Sa longue résistance a cependant porté les fruits attendus en retenant durablement devant la ville de précieuses troupes ennemies. Encore huit jours et Bonaparte inflige aux Autrichiens la défaite de Marengo, qui voit la mort de Louis Charles Antoine Desaix, principal artisan de la victoire. Lorsque le Premier consul repart pour Paris, le 17 juin, la France a récupéré le Piémont, la Ligurie et la Lombardie.

La ferme de Torre Garofoli, Q.G. de Napoléon Bonaparte à Marengo
La ferme de Torre Garofoli, Q.G. de Napoléon Bonaparte à la veille de la bataille de Marengo du 14 juin 1800 contre les Autrichiens

En juillet 1800, partout battu, l'empereur François Ier se résigne, dans la foulée du cessez-le-feu intervenu en Allemagne, à entamer des négociations avec le « général Bonaparte ». Il ne cherche cependant qu'à gagner du temps puisqu'il vient, quatre semaines plus tôt, d'accepter une aide de 50 millions de livres sterling contre l'engagement de ne pas traiter avec la France avant février 1801. Après bien des atermoiements, un congrès franco-autrichien s'ouvre à Lunéville au début du mois de novembre 1800. Peu après, Bonaparte, prenant acte de la duplicité adverse, ranime les hostilités.

En Italie centrale, Joachim Murat consolide la position française en Toscane, reconquise depuis octobre. Il en expulse les derniers Napolitains avant de les chasser de Rome puis d'envahir le royaume de Naples. Au nord, Brune franchit le Mincio, l'emporte à Pozzolo le 25 décembre 1800 et avance jusqu'à Trévise [Treviso].

En Allemagne, Moreau remporte le 3 décembre la victoire décisive d'Hohenlinden, puis progresse en direction de Vienne, prenant Salzbourg [Salzburg] le 15. L'Autriche n'a plus d'autre choix que de parlementer.

Les armistices se succèdent donc, qui mettent fin aux combats sur les différents théâtres d'opérations : armistice de Steyr (25 décembre 1800) en Allemagne, armistice de Trévise (15 janvier 1801) en Italie du nord.

Dans ces conditions, la paix de Lunéville est rapidement conclue, le 9 février 1801. Elle reconnaît à nouveau à la France la possession de la rive gauche du Rhin, à quoi s'ajoute le consentement autrichien à l'hégémonie française sur l'Italie du Nord, à l'exception de la république de Venise.

Le roi de Naples Ferdinand IV signe à son tour l'armistice de Foligno (18 février 1801) puis le traité de paix de Florence le 18 mars 1801. Ses pertes territoriales sont minimes, mais il doit accepter de fermer ses ports à la marine britannique.

La Grande-Bretagne, de plus en plus isolée par le délitement de la coalition, réussit cependant à conjurer en avril 1801 les périls accumulés depuis quelques mois au nord de l'Europe. Vers la fin de l'année 1800, elle s'est en effet aliéné le Tsar Paul Ier en refusant de rendre l'île de Malte – conquise sur les Français en septembre – à l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem. En représailles, le monarque russe a constitué en décembre 1800 une ligue de neutralité armée. Elle rassemble la Russie, le Danemark, la Prusse et la Suède, en vue de s'opposer à la politique agressive de la Royal Navy qui n'hésite pas à arraisonner les navires neutres soupçonnés de commercer avec la France. La Grande-Bretagne, devenue Royaume-Uni le 1er janvier 1801, voit dans cette alliance une menace sérieuse et, quand le Danemark décide de lui interdire l'accès à la mer Baltique, passe à l'attaque. La flotte danoise est détruite lors de la bataille de Copenhague [København], le 2 avril 1801. Paul Ier, coupable aux yeux britanniques de se rapprocher de la France, ayant entretemps succombé à un complot opportun, la ligue est dissoute.

Alors que la plupart des conflits en cours semblent s'apaiser, l'Espagne déclenche en mai ce que l'on appellera la « Guerre des Oranges », envahissant le Portugal avec le soutien de la France. La confrontation ne dure que deux semaines car les Portugais ne sont pas en mesure de résister. Elle se termine par le traité de Badajoz (6 juin 1801) qui se traduit par une rectification de frontière favorable à l'Espagne et la fermeture des ports du Portugal aux navires britanniques. La France refuse toutefois de le ratifier et impose un nouveau texte, le traité de Madrid (29 septembre 1801). Il aggrave les termes du précédent en y ajoutant le paiement d'une indemnité de guerre de 20 millions de francs et le rattachement de territoires brésiliens à la Guyane française.

La Russie, attachée à contrarier les vues hégémoniques de l'Angleterre sur les mers et le commerce, accepte, le 8 octobre 1801, le traité de Paris. Il lui concède la suzeraineté sur les îles ioniennes et garantit l'intégrité du royaume de Naples.

Le 9 octobre, l'Empire ottoman signe à son tour le traité de Paris. Il lui reconnaît la possession de l'Égypte, où les Français, après l'assassinat du général Jean-Baptiste Kléber (14 juin 1800), ont rapidement capitulé, au Caire comme à Alexandrie, face au corps expéditionnaire britannique.

Isolé, épuisé, pressé de rétablir des échanges commerciaux normaux avec l'Europe continentale, le Royaume-Uni finit par approuver la paix d'Amiens (25 mars 1802)  avec la France, l'Espagne et la République batave. Il restitue à la France toutes ses colonies, celle du Cap à la République batave et Minorque à l'Espagne, mais conserve Ceylan et Trinidad. Le gouvernement britannique s'engage également à évacuer Malte et l'Égypte, tout en évitant de se prononcer à propos des acquisitions françaises sur le continent européen. Par ailleurs, il assiste sans déplaisir au rétablissement de l'esclavage aux Antilles, où les troubles menacent de déstabiliser ses propres possession.

La France connaît enfin la paix, pour la première fois depuis le 20 avril 1792.

Carte d'Europe des participants à la seconde coalition

Troisième coalition (1805)

A peine un an après le traité d'Amiens, le 16 mai 1803, les relations sont à nouveau rompues entre la France et l'Angleterre. Celle-ci se met alors à la recherche d'alliés et les trouve parmi les grandes puissances européennes mécontentes de la politique interventionniste de Napoléon Bonaparte : recès impérial de mars 1803 qui modifie de fond en comble l'équilibre politique de l'Allemagne, Acte de médiation du 19 février 1803 qui réorganise la Suisse, création du royaume d'Italie en mai 1805.

La troisième coalition se constitue finalement en juillet et août 1805, regroupant, autour de l'Angleterre, la Russie, l'Autriche, Naples et la Suède.

Les hostilités s'ouvrent fin septembre. Ayant abandonné ses plans d'invasion de l'Angleterre dès la fin août - donc bien avant la défaite de Trafalgar (21 octobre 1805) - Napoléon entame la Campagne d'Allemagne. Il fonce vers la vallée du Danube [Die Donau], force l'armée autrichienne de Karl Mack von Leiberich à s'enfermer dans Ulm où elle n'a bientôt plus qu'à capituler (20 octobre).

La ville d'Ulm, vue depuis les hauteurs
La ville d'Ulm, vue depuis les hauteurs (capitulation des Autrichiens le 20 octobre 1805 après un siège de cinq jours)

Les Français s'emparent ensuite de Vienne [Wien] sans rencontrer de résistance (15 novembre). L'affrontement décisif a lieu en Moravie, à Austerlitz, le 2 décembre 1805 ; les Austro-Russes sont mis en déroute.

La Prusse, sur le point de rejoindre la coalition, signe aussitôt le traité de Schönbrunn (15 décembre). L'Autriche, elle, doit subir le traité de Presbourg [Bratislava] (26 décembre) qui l'expulse d'Allemagne et d'Italie. Il lui faut en outre accepter la fin du Saint-Empire romain germanique dont son souverain, François Ier, était également l'empereur, sous le nom de François II.

Anglais, Russes et leurs comparses Napolitains (réduits à la Sicile) et Suédois poursuivent la guerre.

Carte d'Europe des participants à la troisième coalition

Quatrième coalition (1806-1807)

Elle se constitue en octobre 1806 lorsque la Prusse - qui refuse la réorganisation de l'Allemagne effectuée par Napoléon 1er - rejoint les pays qui sont restés en guerre avec la France à la fin de la troisième coalition.

Les opérations se déroulent en deux phases. Dans un premier temps, la campagne de Prusse voit les victoires jumelles d'Auerstaedt et Iéna, en Thuringe, détruire l'armée prussienne dans la seule journée du 14 octobre 1806 ; le 27, Napoléon entre à Berlin.

Cette première campagne se conclut par un traité avec la Saxe. Elevé au rang de royaume, celle-ci adhére à la Confédération du Rhin et troque l'alliance prussienne contre la française.

Le village de Rehehausen, sur le champ de bataille d'Auerstaedt
Le village de Rehehausen, sur le champ de bataille d'Auerstaedt (victoire du 14 octobre 1806 contre les Prussiens)

La seconde campagne, commencée dès fin novembre 1806, se déroule en Pologne et en Prusse Orientale. Les Russes résistent à Eylau (8 février 1807) mais cèdent à Friedland (14 juin).

Les traités de Tilsit [Sovietsk - Советск] (7 et 9 juillet 1807) ramènent la paix au prix du démembrement de la Prusse et posent les bases, dans leurs clauses secrètes, d'une alliance Franco-Russe.

La Suède, pour sa part, a déjà signé, le 18 avril 1807 à Schlatkow [souvent orthographié Schlachtow], l'armistice qui lui coûte la Poméranie suédoise.

L'Angleterre, à nouveau, se retrouve seule ou presque, n'ayant plus comme allié qu'un roi de Naples détrôné et réfugié en Sicile.

Carte d'Europe des participants à la quatrième coalition

Cinquième coalition (1809)

Les premiers échecs de Napoléon Ier, en Espagne, amènent l'Autriche à céder aux sirènes anglaises et à rallumer la guerre (avril 1809).

Les victoires d'Eckmühl [Eggmühl] (22 avril) et de Wagram [Deutsch-Wagram] (5 et 6 juillet) contraignent l'Autriche à signer la paix de Vienne (14 octobre 1809), six mois à peine après le début de la guerre.

Une vue de l'île de Lobau, à l'est de Vienne
Une vue de l'île de Lobau, à l'est de Vienne (bataille d'Aspern-Essling des 21 et 22 mai 1809 contre les Autrichiens). Photo de Floriane Grau

La coalition a vécu. L'Autriche est privée de portions considérables de son territoire. L'Angleterre n'a plus qu'à se trouver de nouveaux alliés.

Carte d'Europe des participants à la cinquième coalition

Sixième coalition (1813-1814)

Elle se conclut en février et mars 1813, aussitôt après le désastre français de la campagne de Russie, entre les Russes, les Prussiens, les Anglais et les Suédois. Espagnols, Portugais, Sardes, Siciliens en sont également, ainsi, en Allemagne, que le Mecklembourg-Schwerin et le Hanovre.

Les Autrichiens s'y joignent au cours de l'été, après la fin de l'armistice de Plaswitz, qui interrompt les opérations du 4 juin au 10 août.

La Bavière bascule à son tour en octobre, bientôt suivie, quand la situation française devient désespérée, par le Bade, le Wurtemberg et la Saxe.

Les Pays-Bas, à peine restaurés en novembre 1813 sous la forme d'une principauté souveraine, adhérent eux-aussi à la coalition.

Enfin, le Danemark doit s'y rallier au début de 1814, après avoir été défait par les Suèdois.

Napoléon affronte d'abord ces coalisés (à l'exception des Anglais et des Danois) lors de la Campagne de Saxe. Les victoires françaises initiales à Lützen (2 mai 1813), Bautzen, aussi nommée bataille de Wurschen (20 et 21 mai) et Dresde (26 et 27 août) sont suivies par la lourde défaite de Leipzig, dite bataille des Nations (16, 17 et 18 octobre) au cours de laquelle l'Empereur et la Grande Armée doivent faire face à un ennemi deux fois supérieur en nombre. L'Allemagne est perdue et doit être évacuée.

Un paysage de Saxe, près de Bautzen
Un paysage de Saxe, aux alentours de Bautzen (bataille des 20 et 21 mai 1813 contre une armée russo-prussienne)

La guerre se poursuit sur le territoire national même, dès janvier 1814, avec la Campagne de France. L'Empereur y fait une dernière fois la démonstration de son génie militaire, obtenant une série de victoires qui échouent, cependant, à repousser l'invasion. Paris tombe le 30 mars 1814. Napoléon abdique le 6 avril, à Fontainebleau.

Le traité de Paris, du 30 mai 1814, ramène la France à ses frontières de 1792.

Carte d'Europe des participants à la sixième coalition

Septième coalition (1815)

Toute l'Europe se ligue aussitôt contre Napoléon Bonaparte évadé de l'île d'Elbe : Angleterre, Autriche, Espagne, Portugal, Prusse, Russie, Suède, Pays-Bas, Saxe, Bavière, Bade, Wurtemberg, Hesse, Suisse, Sicile, etc... Même le royaume de Naples, d'abord allié de la France, retombe dans l'orbite des coalisés après la défaite de Joachim Murat à Tolentino, les 2 et 3 mai 1815.

Napoléon prend l'initiative des opérations en lançant au début de juin 1815 la Campagne de Belgique, laquelle va cependant être la plus brève de sa carrière militaire, puisque dès le 18 juin la défaite de Waterloo y met promptement fin, et par voie de conséquence à l'aventure des Cent-jours.

La cour de la ferme d'Hougoumont, sur le champ de bataille de Waterloo
La cour de la ferme d'Hougoumont, sur le champ de bataille de Waterloo (bataille du 18 juin 1815 contre les Alliés)

Le 22 juin, Napoléon abdique pour la seconde fois. Le 6 juillet, les Alliés entrent dans Paris.

Le 20 novembre, le second traité de Paris prive la France de la Savoie, du comté de Nice et de places fortes sur la frontière nord du pays.

Carte d'Europe des participants à la septième coalition